Le pouvoir de la ceinture dans les arts martiaux

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Avant de vous lancer dans la lecture de cet article sachez que tout ce qui y est écrit sont des pistes de réflexion qui sont à développer par chacun de vous ; en aucun cas il ne s’agit d’un quelconque constat. Il ne s’agit que de faits et d’exemples vécus ou entendus par d’autres pratiquants qui ont été recensés afin d’ouvrir des axes de réflexion.

 

Généralement la ceinture permet de mettre en avant le grade atteint. Elle agit donc comme un marqueur du niveau du pratiquant.

Quand on parle de ceinture, les premières disciplines qui nous viennent à l’esprit sont généralement le Judo et le Karaté qui restent en France les disciplines martiales les plus populaires.

Qui n’a jamais regardé un championnat du monde ou les J.O avec à la clé le sacre des David Douillet et Teddy Riner ? Je suppose que très peu d’entre vous ont manqué ces événements planétaires.

Au-delà de ces deux mastodontes, beaucoup d’autres arts martiaux utilisent ce type de système.

 

 A quoi cela sert –il d’avoir une ceinture, un dan, un grade ?

Comme nous l’avons dit plus haut, la ceinture permet de connaitre son niveau et de le marquer.

Elle permet aussi, et surtout pour les enfants, de les motiver et les encourager à persévérer dans leur voie martiale.

Pour les adultes cela revêt à mon sens une double connotation .

La première permet de mesurer les progrès techniques et physiques accomplis au fil des années consacrées à son art. La ceinture à valeur de gratification et de valorisation personnelle. Pour être plus clair, cela met en avant l’adage qui dit que le travail paie : j’ai donc mérité ce pour quoi je me suis tant entraîné et investi . On officialise un nouveau statut, un nouveau stade de compétence reconnu par sa fédération et la société. On pourrait l’assimiler à un rite de passage.

 

La seconde connotation  est plus dangereuse car elle touche à l’égo et à l’image que l’on renvoie aux autres. Un exemple pour illustrer cela : en règle générale, quand on accède à une ceinture significative telle que la bleue ou la marron, on est censé avoir un bon niveau. On ne peut pas y être arrivé par hasard ou en cadeau de services rendus (nous y reviendrons). Idem lorsque l’on décroche le Saint Graal : la ceinture noire, (oui oui comme le magazine). On a le sentiment d’être arrivé au bout de la chose du fait que derrière il n’y’a plus de ceinture en jeu, d’être un master, un futur Sifu, Sensei  ou que sais –je encore. A ce moment il y a le risque de décompresser et se reposer sur ces acquis. Pour faire court, on commence à régresser. Lorsque l’on retourne s’entrainer, il y a cette nouvelle fierté que les autres camarades débutants ou moins gradés voient. Ils vous respectent et vous traitent différemment. En soit c’est très bien mais encore faut-il garder les pieds sur terre ! L’objectif serait le suivant : malgré le fait que mon niveau augmente et que de plus en plus de personnes reconnaissent ma valeur, je me dois de rester simple et disponible pour mes partenaires moins gradés.

Les grades et leurs problèmes de crédibilité.

Nous avons pu voir plus haut les bienfaits et/ou avantages que peuvent procurer les passages de grades pour le pratiquant et son enseignant.

Mais comme vous le savez chaque médaille a son revers. Depuis plus d’une dizaine d’année des professeurs ont tenté de sortir de ce carcan que représentent les grades, jugeant la manière de les obtenir tantôt trop peu réaliste, tantôt fantaisiste .Ces passages de grades ne seraient pas en adéquation avec la « réalité » martiale. Ceci dit ce système colle assez bien aux disciplines de contact de corps à corps tel que le Judo, le Jujitsu et j’en passe. En effet  la technique est primordiale si l’on veut surpasser son adversaire : un physique de déménageur est loin d’être un gage de niveau avancé.

Pour les disciplines pieds-poings cela est bien plus mitigé. Il est vrai que le passage de grade peut s’apparenter à un grand bachotage de techniques à connaitre et à ressortir comme on le ferait à l’entrainement, avec un partenaire déjà acquis à votre cause. Ou encore faire vos Katas et Taos de manière automatique ou bien lors du sparring d’ avoir un partenaire peu virulent et assez conciliant. Dans de telles conditions  le passage de grades est –il vraiment le meilleur moyen d’apprécier le niveau d’un pratiquant ? Pas certain ! Mais qui propose mieux ?

On remarque souvent que lors d’un sparring appuyé, la plupart des gradés perdent leur verve acquise à l’entrainement, comme si le fait de ne plus être dans un cadre normé les freinait ou leur faisait peur. Les techniques qu’ils avaient sortis de manière très propre lors de leur passage ne sont plus là … tout a disparu. Dans le pire des cas le gradé se retrouve à se faire dominer par un pratiquant qui n’a parfois que très peu d’expérience dans les sports de combat. On peut le dire ça la fout mal ! pour soi-même, les élèves qui vous voyaient comme un modèle et pour le club. Les gradés et les plus anciens sont la vitrine d’un club, qu’on le veuille ou non. Ils font la réputation d’un club autant que celle de l’enseignant.

D’autres choses peuvent être dérangeantes, comme par exemple l’obtention d’une ceinture noire par un enfant de 14 ans. Bien sûr que cela est possible, on peut toujours tomber sur une petite pépite qui arrive à tout assimiler et à ressortir toutes les techniques sans peine et qui, en plus, lors des sparring et compètitions enchaîne les victoires. Mais soyons réalistes ils ne sont pas légions. Donner une ceinture noire à un enfant est risqué du fait qu’il est en devenir et en perpétuelle évolution mentale et physique.

D’autres modèles existent.

Des professeurs optent pour le choix de ne pas donner de grade à leurs élèves. Il les connait, note leur progrès et les laisse s’auto-gérer. En d’autres termes les pratiquants eux même ont la lourde charge de trouver leur leader, celui qui à leur yeux est le meilleur. Ils iront par la suite naturellement vers lui pour des précisions ou explications sur telle ou telle technique, stratégie, ect … Cette personne deviendra alors un relais de son maître. Par contre s’il veut être officiellement reconnu il devra toutefois se plier aux règles d’une fédération de son choix .

Dans certains club de Wing-Chun, un système de code couleur (blanc, gris, noir) est utilisé via les T-shirt d’entrainement, ce qui permet de se repérer plus facilement dans les cours et de faire travailler chacun vis-à-vis de son niveau et d’établir une hiérarchie claire. Cependant le passage de T-shirt  reste assez arbitraire car il est difficile de mettre un niveau en adéquation avec un T-shirt surtout dans un système comme celui du Wing-Chun qui est complet et nécessite de connaitre beaucoup de techniques avant d’avoir une relative efficacité à mon sens.

Au Krav-Maga ainsi que dans quelques autres styles, il existe aussi  un système de ceintures ou de grades  , mais leur approche semble quelque peu plus objective dans le sens où ils doivent effectivement effectuer différentes techniques et les appliquer, mais les élèves doivent aussi combattre contre un adversaire inconnu de même grade pour un combat plein pot !  Dans ce cas il n’y a pas de traitement de faveur et on peut vite se rendre compte si le pratiquant à bien intégré les techniques et principes enseignés. On peut également vérifier le niveau de confiance en soi de l’élève et ce qu’il a appris tout au long de l’année. Cela montrera la gestion du stress qu’engendre un  combat contre un adversaire dont il ne connait pas les capacités. On y teste aussi son adaptabilité en terme de stratégie de combat.Le passage de grande relève en grande partie de la responsabilité des enseignants qui ne doivent pas galvauder ce dernier.
La responsabilité des élèves est de ne pas voir l’obtention de la ceinture comme une fin mais plutôt comme le début du « vrai » savoir martial.

Et vous que pensez de vos passages de grades ? En êtes-vous satisfait ? Quels souvenirs en avez vous gardés?

A très bientôt et laissez moi un petit message !

C’était Réré de Defense Kwoon.

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